Le portable des années 1900, l'e-mail avant la lettre, c'est la carte postale. D'un coût modique, elle est fiable, sûre. Qu'elle représente une rue, un petit métier, une scène pittoresque, un commerce ou un groupe, la vulgarisation de la photographie est à l'origine de cet engouement. Ces millions de vues nous renseignent sur l'habitat, les conditions de vie, l'habillement, le commerce...
Tours : « Royer, le candidat qui sent la frite »
Histoire : retour sur la campagne de Jean Royer pour l’élection présidentielle de 1974.
Une femme effectue un strip-tease lors d’un meeting du candidat à
l’élection présidentielle Jean Royer, le 26 avril 1974 à Toulouse. Ph.
DR
Le maire de Tours, candidat de « l'ordre moral », tente sa chance en
1974. Rapidement, il va susciter la moquerie de ses adversaires par son style vieillot et ses grosses maladresses.
«Royer, c’est l’homme politique de Pierre Bellemare et de Michel
Sardou, un président qui sent la frite ». La formule, parue dans le
journal Libération du 17 avril 1974 est terrible. Mais elle dit bien ce
que pense une partie de l’électorat, pour qui ce candidat est une sorte
de Pétain sorti de la naphtaline. Ministre du Commerce et de
l’Artisanat, puis ministre des Postes et Télécommunications, Jean Royer
(né à Nevers en 1920), démissionne de son poste à la mort de Pompidou.
Il se lance alors dans une incroyable course à la présidentielle. En
représentant l’« ordre moral » envers et contre tous.
Le candidat anti-pornographie
L’ancien
professeur a des allures de prêtre dans ses spots de campagnes. Aux
jeunes des années 70 qui rêvent d’amour et d’eau fraîche, il propose «
l’amour du travail » comme idéal. On peut comprendre le décalage. « Je
veux réhabiliter le travail manuel en développant l’enseignement alterné
dans les classes », explique-t-il dans un de ses clips officiels. Le
candidat veut aussi « mieux rémunérer les emplois manuels, les plus
pénibles, afin de limiter l’immigration étrangère dans notre pays ». En
pleine période de révolution sexuelle, Jean Royer a le culot d’affirmer
une candidature moraliste et austère. Il condamne l’homosexualité, et
dans sa ville de Tours, il interdit certains films jugés trop osés et
oblige les cinémas à un affichage minimal des films pornographiques. On
l’appelle alors « le père La Pudeur ».
Le terrible meeting de Toulouse
Lors
de son meeting dans la « ville rose », Jean Royer fait face à la
jeunesse de gauche, totalement déchaînée. Son discours – sur l’Education
nationale – est perturbé du début à la fin par des militants qui
l’insultent et qui, bras dessus bras dessous forment une grande vague au
milieu de la salle. « Une seule solution, la masturbation », crient les
manifestants, souvent barbus et débraillés. Sous les crépitements
pervers des photographes, sous l’œil rigolard des caméras de télévision,
une jeune femme danse les seins nus pour provoquer le candidat.
Ambiance de foire totalement surréaliste… Royer ne se démonte pas et se
dit prêt à affronter ses opposants les mains nues ! « Ce soir-là,
j’étais devant mille gauchistes armés de chaînes et de barres de fer »,
témoigne-t-il peu après à la télévision.
Contre l’avortement
Connu
aussi pour son opposition viscérale à toute loi libéralisant
l’avortement, le maire de Tours se positionne à l’extrême droite de
l’échiquier politique. À Rennes, une fois de plus devant des jeunes
hilares, il prend la défense « de l’embryon humain » et invite les
hommes « à se maîtriser » dans leur vie sexuelle ! À contre-courant
décidément dans tous les domaines, il propose de relancer la France dans
la production de charbon en rouvrant les mines (discours de Lille).
Le soir du 1 er tour,
il recueille 3,17 %. Pour empêcher la constitution d’un gouvernement «
socialo-communiste qui priverait les Français de leurs libertés et qui
installerait un état bureaucratique totalitaire », il appelle à voter
Giscard. Après son échec à la présidentielle, il se consacrera à sa
ville de Tours où il sera continuellement réélu maire jusqu’en 1995. Il
est décédé en mars dernier.
Article paru dans Le Bien Public du 30.01.2012
PAF! Et dire qu'on va se coltiner sa statue place de la Liberté...
RépondreSupprimer@Matfanus
SupprimerAh oui, c'est vrai. Remarque le départ ou l'arrivée de la marche des Fiertés LGBT pourra se faire sur cette place.
J'avais vu cette vidéo, le décalage avec ses propos m'avait bien amusé !
RépondreSupprimer@Guillaume
SupprimerTu m'étonnes !