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samedi 28 septembre 2013

Histoire de la passerelle Fournier


C'était au début du siècle. Les cheminots étaient nombreux à emprunter la passerelle Fournier jetée au dessus des voies et reliant les quartiers Saint-Étienne et de la Fuye. Du haut de ce trait d'union métallique, l’œil découvrait les vastes ateliers de la Compagnie d'Orléans, alors débordants d'activité, tandis que dans un va et vient continuel trains pesants et machines haletantes circulaient bruyamment.
La naissance du chemin de fer devait avoir une curieuse incidence sur la vie des Tourangeaux, leur ville étant dès lors coupée en deux par cette trouée ferroviaire prenant place au cœur même du paysage urbain. La commune de Saint-Étienne, qui venait d'être rattachée à Tours (en 1845), se trouvait dès lors éloignée du quartier de la Fuye, des ateliers de réparation et d'entretien du matériel, ainsi qu'un dépôt de machines, ayant été construits autour des voies. Aussi, les riverains de ce "boulevard du train" entreprirent-ils dès 1865 des pétitions visant à édifier une passerelle au-dessus des voies.

Le projet donna lieu à divers débats et il fallut attendre la fin de l'année 1888 pour voir le conseil municipal, sous l'impulsion de son maire, le docteur Fournier, prendre une décision favorable pour cette réalisation. Deux et demi plus tard, le 14 juin 1891, le ministre Yves Guyot inaugurait enfin ce trait d'union de 330 mètres. Ainsi la population dut-elle patienter un quart de siècle pour voir aboutir sa demande. Mais cette inauguration eut aussi une incidence heureuse sur les revendications des cheminots.



En effet, en mai 1891, la compagnie du chemin de fer P.O. avait décidé, en se basant sur une diminution des travaux dans ses ateliers, de licencier 26 ouvriers, dont le secrétaire du syndicat. Léon Martinet, rédacteur de "l’Éclaireur", journal socialiste de l'époque, écrivait : "... Travailleurs tourangeaux, n'est-ce pas que vous ferez une chaleureuse réception à Monsieur le ministre des Travaux Publics le 14 juin...". Précisons que Martinet était le meilleur lieutenant de Paul Brousse, son influence ayant fait de la Touraine un fief socialiste de la tendance des possibilistes.

Devant cette effervescence, le 7 juin, la compagnie reprit 12 ouvriers et, le 10 juin, une réunion de tous les ouvriers eut lieu avec le docteur Fournier, qui promit du travail à tous les licenciés. Une délégation fut même reçue à la préfecture ; grâce au maire et au conseiller général Oudin, il fut admis que les ouvriers pourraient présenter leurs revendications au ministre, lors de l'inauguration de la passerelle. C'est ainsi que tout rentra dans l'ordre.


Démoli aux bombardements de 1944, ce pont piétonnier sera remis en service dans sa forme actuelle le 21 février 1954 et raccourci en raison de la construction du quartier Sanitas, mais il n'en continue pas moins à rendre depuis de nombreux services.

Source : article paru dans le Magazine de la Touraine n°39 - juillet 1991





3 novembre 2012



3 commentaires:

  1. Réponses
    1. A toi le billet politique ! Pour suite et info, ce même n° du Magazine de la Touraine écrivait aussi : "La passerelle Fournier ne sera bientôt plus le seul trait d'union entre la rue Blaise Pascal et la rue Édouard Vaillant. Un second pont piétonnier devrait enjamber les voies près de la gare en 1993, dans le cadre de la restructuration de ce quartier sur lequel trônera une tour de 36 m. de hauteur dans laquelle sont prévus 10 étages de bureaux".

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